La Suisse étant un pays comptant plusieurs langues officielles, elle offre des contextes propices au développement des pratiques bi-plurilingues. Dans l'enseignement, le lieu privilégié de ce type d'apprentissage se situe au niveau des programmes de formation bilingue. Dans le canton de Fribourg, officiellement bilingue (français-allemand), les élèves de lycée ont la possibilité de suivre leur scolarité dans une filière bilingue, au sein de laquelle les enseignant·e·s natif·ve·s ou bilingues enseignent leur discipline non linguistique dans leur langue première ou la langue partenaire. Ces disciplines sont sélectionnées de manière à garantir une répartition équilibrée entre sciences humaines, sciences, mathématiques et savoir-faire (Vignier, 2011). Les classes sont composées généralement d'élèves francophones et/ou germanophones.

Cependant, comme dans beaucoup de contextes similaires (Cammarata et al., 2018 ; Dooly et Vallejo, 2020), aucune formation à l'enseignement bilingue n'est prévue dans le programme de formation des enseignant·e·s. Ceux-ci et celles-ci s'organisent et planifient leurs cours de manière autonome. Ainsi nombre de choix leur revient quant à l'utilisation de la langue pour les explications magistrales, pour l'interaction avec les élèves, lors d'interaction entre élèves ou encore lors des évaluations. L'enseignant·e est libre de gérer le mode de communication durant ses cours, en fonction de son attitude et de ses croyances (Bredthauer et Engfer, 2016).

Dans le but d'établir un état des lieux des pratiques en classe et d'améliorer la formation des enseignant-e-s en filière bilingue, une recherche a été entamée en 2020 au niveau cantonal auprès d'un panel d'enseignant·e·s, par le biais d'entretiens semi-directifs. Les thématiques abordées portent sur l'ensemble de leurs pratiques pédagogiques, spécifiques à cette filière.

Cette communication présente les résultats d'analyses du discours de 13 enseignant·e·s de disciplines variées, dont 5 enseignent les mathématiques, impliqué·e·s dans l'enseignement bilingue. Ces enseignant·e·s travaillent dans deux lycées différents, situés tous deux dans la partie francophone du canton.

L'analyse de ces données indique que l'ensemble des enseignant·e·s utilise la langue partenaire (ici l'allemand) en classe, mais peut recourir au français comme soutien à l'apprentissage, que ce soit par le biais d'explications supplémentaires en français, des sous-titrages de vidéo ou des résumés de chapitres. Les enseignant·e·s de mathématiques accordent cependant un intérêt moins marqué pour maintenir l'allemand comme langue de communication en classe entre élèves, spécialement lors des exercices d'application, considérant les mathématiques comme une langue commune aux élèves francophones et germanophones.

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Bredthauer S. et Engfer H. (2016), “Multilingualism is great – but is it really my business ? – Teacher's approaches to multilingual didactics in Austria and Germany“, in Darnioji daugiakalbystė | Sustainable Multilingualism (Online), 9/2016.

Cammarata L., Cavanagh M., Blain S. et Sabatier C. (2018), « Enseigner en immersion français au Canada : synthèse des connaissances sur les défis et leurs implications pour la formation des enseignants », in The Canadian Modern Language Review / La revue canadienne des langues vivantes, 74 : 1, 101-127.

Dooly M. and Vallejo C. (2020), “Bringing plurilingualism into teaching practice : a quitoxic quest ? “, in International Journal of Bilingual Education and Bilingualism, 23 : 1, 81-97.

Vigner G. (2011), « Enseignement des disciplines et usage des langues », in J. Duverger (coord.) Enseignement bilingue, le professeur de « Discipline Non Linguistique », Paris, ADEB, 23-28.